Syringomyélie post-traumatique : Une complication neurologique

La syringomyélie post-traumatique bouleverse la vie après un accident. Comprendre ses symptômes, son diagnostic et ses traitements pour retrouver une qualité de vie malgré cette complication neurologique.

Dans cet article, nous allons explorer cette pathologie méconnue, ses mécanismes, ses manifestations cliniques et les options thérapeutiques actuellement disponibles.

Syringomyélie post -traumatique : Qu’est-ce que c’est ?

La syringomyélie post-traumatique représente une complication neurologique sérieuse qui peut survenir à la suite d’un traumatisme médullaire. Cette affection se caractérise par la formation d’une cavité remplie de liquide (syrinx) à l’intérieur de la moelle épinière, perturbant progressivement les fonctions neurologiques essentielles.

On estime qu’environ 3 à 5 % des patients ayant subi une lésion médullaire traumatique développeront cette complication, parfois plusieurs années après le traumatisme initial. L’impact sur la qualité de vie peut être considérable, avec des douleurs chroniques souvent difficiles à gérer et une perte progressive des fonctions motrices et sensorielles. 

La syringomyélie post traumatique : mécanismes et pathophysiologie

Syringomyélie, comment se forme-t-elle après un traumatisme ?

La syringomyélie post-traumatique apparaît lorsqu’une cavité anormale se développe dans la moelle épinière à la suite d’une lésion traumatique. Cette cavité, appelée syrinx, se remplit progressivement de liquide céphalo rachidien (LCR), ce qui provoque une compression des tissus nerveux environnants.

Contrairement à la syringomyélie idiopathique souvent associée à une malformation de Chiari, la forme post-traumatique est directement liée à un événement traumatique antérieur.

Le mécanisme exact reste partiellement incompris, mais plusieurs théories coexistent :

  • Théorie hydrodynamique : Une perturbation de la circulation normale du LCR créerait des pressions anormales qui forceraient le liquide à pénétrer dans la moelle épinière.
  • Théorie ischémique : Les dommages vasculaires causés par le traumatisme initial entraîneraient une nécrose tissulaire progressive formant la cavité.

Le processus de formation est généralement lent et progressif, ce qui explique que les symptômes apparaissent fréquemment plusieurs mois, voire plusieurs années après le traumatisme initial. Ce délai représente d’ailleurs l’un des défis diagnostiques majeurs.

Présentation d'une personne ayant fait une chute qui déclarera plus tard une syringomyélie post-traumatique

Facteurs de risque et lésions médullaires associées

Tous les traumatismes médullaires ne conduisent pas au développement d’une syringomyélie. Certains facteurs semblent particulièrement favoriser son apparition :

  • Les traumatismes violents avec fractures vertébrales comportent un risque plus élevé, surtout lorsqu’ils touchent la région cervicale ou thoracique haute. Un accidenté de la route peut développer une syringomyélie trois ans après une fracture de C5-C6, illustrant parfaitement cette association.
  • Le délai entre le traumatisme initial et l’apparition des premiers signes de syringomyélie varie considérablement. Si la plupart des cas se manifestent dans les 5 ans suivant la lésion, certains patients peuvent développer cette complication jusqu’à 30 ans plus tard !

Parmi les autres facteurs aggravants, on retrouve souvent :

  • Les adhérences post-chirurgicales au niveau des méninges
  • L’instabilité vertébrale persistante
  • Les compressions médullaires non résolues

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Syringomyélie post traumatique : Symptômes et évolution clinique

Manifestations neurologiques caractéristiques

Les symptômes de la syringomyélie post-traumatique s’installent généralement de façon insidieuse et progressive. La douleur représente souvent le premier signal d’alarme, une douleur neuropathique particulière, décrite comme brûlante, lancinante ou électrique, typiquement exacerbée par les efforts ou les changements de position.

Au fil du temps, d’autres manifestations neurologiques viennent compléter le tableau clinique :

  • Des troubles sensitifs dissociés : Perte de la sensibilité à la douleur et à la température, avec préservation du toucher fin, typique d’une atteinte des fibres croisées de la moelle.
  • Des déficits moteurs : Faiblesse musculaire progressive, souvent asymétrique, débutant généralement aux membres supérieurs, avec atrophie des petits muscles des mains.
  • Les patients décrivent parfois des sensations étranges, comme l’impression d’eau qui coule sous la peau ou des fourmillements inexpliqués. Ces symptômes peuvent sembler vagues au début, ce qui contribue malheureusement aux retards diagnostiques fréquemment observés.

Syringomyélie post-traumatique : Évolution temporelle et pronostic

L’évolution de la syringomyélie post-traumatique est rarement linéaire. On observe généralement une progression par paliers, avec des périodes de relative stabilité entrecoupées de phases d’aggravation parfois rapides. Cette progression capricieuse rend le suivi médical régulier absolument essentiel.

Sans traitement, l’extension de la cavité syringomyélique peut entrainer des dommages irréversibles sur les structures médullaires. N’ignorez pas des symptômes, même éloignés d’un traumatisme (cela peut mettre des années avant de se déclarer), et si vous présentez une atrophie musculaire importante des deux mains. Ces symptômes peuvent devenir permanents si vous n’agissez pas rapidement et malgré une intervention chirurgicale tardive.

Plusieurs facteurs peuvent influencer l’évolution :

  • La localisation et l’étendue de la cavité
  • La rapidité de la prise en charge
  • L’âge et l’état général du patient
  • Les comorbidités associées

D’ailleurs, certains patients présentent des formes relativement stables pendant des années, tandis que d’autres connaissent une détérioration rapide des fonctions neurologiques. Cette variabilité complique considérablement l’établissement d’un pronostic précis.

Diagnostic et évaluation d’une syringomyélie post-traumatique

Syringomyélie IRM : Techniques d’imagerie médicale

1-L’IRM médullaire représente incontestablement l’examen de référence pour diagnostiquer et suivre l’évolution d’une syringomyélie post-traumatique. Elle permet de visualiser avec précision la cavité syringomyélique, d’évaluer son étendue et d’identifier d’éventuelles anomalies associées.

Les séquences T1 et T2 apportent des informations complémentaires :

  • Séquences T1 : Permettent d’évaluer l’anatomie médullaire et d’exclure d’autres pathologies comme les tumeurs intramédullaires.
  • Séquences T2 : Particulièrement utiles pour visualiser la cavité syringomyélique qui apparaît en hypersignal (blanche) contrastant avec le tissu médullaire environnant.

2-Les examens dynamiques, comme la ciné-IRM du flux du LCR, peuvent également s’avérer précieux pour comprendre les perturbations de la circulation du liquide céphalo rachidien souvent impliquées dans la pathogénie.

3-D’autres examens peuvent être réalisés pour affiner le diagnostic différentiel ou évaluer l’impact fonctionnel : Scanner, myélographie, voire échographie médullaire peropératoire lors des interventions chirurgicales.

Évaluation clinique et tests neurologiques pour syringomyélie post-traumatique

1-Examen neurologique complet

Il reste fondamental pour évaluer l’impact fonctionnel de la syringomyélie. Il doit être complet et minutieux, comportant :

  • Une évaluation motrice précise, segment par segment, comprenant un testing musculaire (test de force musculaire)
  • Un testing sensitif discriminant les différentes modalités (toucher, température, proprioception)
  • Une recherche de réflexes pathologiques
  • Une évaluation des fonctions sphinctériennes

2-Score ASIA : Pour quantifier les déficits moteurs

Les échelles standardisées, comme l’échelle ASIA, permettent de quantifier les déficits et de suivre leur évolution au fil du temps. Par exemple, un déficit au niveau sensitif (les troubles sensitifs sont bien connus dans la syringomyélie)

3-Par ailleurs, les tests électrophysiologiques

Les potentiels évoqués somesthésiques (PES) ou les études de conduction nerveuse fournissent des informations objectives sur l’intégrité des voies nerveuses. Ces examens sont particulièrement utiles pour documenter l’atteinte neurologique initiale et suivre son évolution.

Syringomyélie post-traumatique : Options thérapeutiques actuelles

Approches chirurgicales pour la syringomyélie post traumatique

L’approche chirurgicale constitue souvent le traitement de choix pour les syringomyélies post-traumatiques évolutives ou symptomatiques. Plusieurs techniques peuvent être proposées selon la configuration anatomique et les mécanismes en jeu :

  • La décompression médullaire vise à restaurer une circulation normale du LCR en libérant la moelle épinière de compressions externes. Dans le contexte post-traumatique, cela implique souvent la lyse d’adhérences arachnoïdiennes ou la résection de tissus cicatriciels.
  • Le drainage du kyste syringomyélique peut être réalisé par mise en place d’un shunt syringosubarachnoïdien ou syringopéritonéal. Cette technique, bien que moins utilisée aujourd’hui comme intervention de première intention, reste une option dans certains cas spécifiques.
  • Des approches plus innovantes se développent également, comme la reconstruction durale avec greffes biologiques ou la neuromodulation pour contrôler la douleur réfractaire. Ces techniques prometteuses font encore l’objet d’évaluations dans des centres spécialisés.

Traitements conservateurs et gestion des symptômes

Lorsque la chirurgie n’est pas indiquée ou en complément de celle-ci, la prise en charge médicale vise principalement à contrôler les symptômes et à préserver la fonction neurologique :

1-La douleur dans la syringomyélie, souvent au premier plan, nécessite une approche multimodale associant :

  • Médicaments anti neuropathiques (Prégabaline, Gabapentine, Duloxétine)
  • Techniques de neuromodulation (TENS, stimulation médullaire)
  • Approches psychocorporelles (relaxation, hypnose)

2-La rééducation fonctionnelle occupe une place centrale, avec des objectifs adaptés à chaque patient : maintien des amplitudes articulaires, renforcement musculaire ciblé, travail proprioceptif et apprentissage de stratégies compensatoires.

3-Enfin, la prise en charge des complications associées (spasticité, troubles sphinctériens, escarres) constitue un volet essentiel du traitement conservateur, nécessitant souvent l’intervention d’une équipe pluridisciplinaire expérimentée.

Présentation de deux pompiers portant secours à une femme accident de la route pour syringomyélie post-traumatique

Vivre avec une syringomyélie post-traumatique

Stratégies d’adaptation au quotidien

Apprendre à vivre avec une syringomyélie post-traumatique représente un défi quotidien pour les patients :

L’aménagement du domicile constitue souvent la première étape vers une autonomie préservée. Des modifications simples peuvent faire toute la différence : installation de barres d’appui, surélévation des sièges ou adaptation des poignées de porte pour les patients souffrant de faiblesse musculaire aux mains.

Sur le plan des activités physiques, il n’est pas question de tout arrêter, bien au contraire ! Les exercices adaptés jouent un rôle crucial dans le maintien des capacités fonctionnelles.

          1-La natation, par exemple, offre l’avantage de solliciter les muscles sans impact traumatique

          2-Le yoga adapté favorise souplesse et proprioception.

          3-Autre exemple, le vélo, grâce à un modèle adapté et un programme d’entraînement progressif, il est toujours possible d’en faire même si vous souffrez d’une syringomyélie post-traumatique cervicale.

– La dimension psychologique ne doit jamais être négligée. Les groupes de parole et le soutien psychologique professionnel aident à traverser les périodes difficiles, notamment lors des poussées douloureuses ou face à la perte progressive de certaines capacités.

Recherches récentes et perspectives d’avenir

    Avancées et traitement sur la syringomyélie post-traumatique

    La recherche sur la syringomyélie post-traumatique connaît actuellement une effervescence prometteuse.

    • L’utilisation de modèles informatiques de dynamique des fluides permet désormais de mieux comprendre les perturbations du flux du liquide céphalo rachidien spécifiques à chaque patient. Ces simulations personnalisées pourraient, à terme, guider plus précisément les interventions chirurgicales.
    • Du côté des biomarqueurs, certaines équipes travaillent sur l’identification de molécules spécifiques dans le LCR qui permettraient de prédire l’évolution de la maladie et d’adapter les traitements en conséquence. Ces recherches, bien qu’encore expérimentales, ouvrent des perspectives passionnantes pour le diagnostic précoce.
    • Parmi les thérapies émergentes, la thérapie cellulaire suscite un intérêt croissant. Des essais préliminaires utilisant des cellules souches mésenchymateuses montrent des résultats encourageants sur la réduction de la cicatrisation post-traumatique, l’un des mécanismes impliqués dans la formation du syrinx.

    Syringomyélie post-traumatique : La conclusion

    La syringomyélie post-traumatique représente une complication sérieuse des traumatismes médullaires qui mérite une attention particulière. Si son diagnostic peut parfois être tardif, les avancées en imagerie médicale permettent aujourd’hui une détection plus précoce, condition essentielle à une prise en charge efficace.

    Retenons l’importance capitale d’un suivi régulier pour les patients ayant subi un traumatisme médullaire, même des années après l’accident initial. La vigilance face à l’apparition de douleurs neuropathiques ou de déficits sensitifs atypiques doit immédiatement évoquer la possibilité d’une syringomyélie post-traumatique.

    Sur le plan thérapeutique, l’approche pluridisciplinaire s’impose combinant interventions chirurgicales ciblées, gestion médicamenteuse des symptômes et programmes de réadaptation personnalisés.

    Les progrès de la recherche fondamentale et clinique nous permettent aujourd’hui d’aborder cette pathologie avec un optimisme mesuré, mais réel. Pour les patients et leurs familles, ces avancées représentent un espoir tangible d’amélioration de la qualité de vie et, peut-être demain, de traitements plus définitifs de cette complication redoutable.

    FAQ sur la syringomyélie

    Quel est le prix d’une consultation chez un neurologue ?

    Une consultation chez un neurologue secteur 1 est de 50 euros. En secteur 2, il y a des dépassements d’honoraire, le prix de la consultation sera donc plus cher et peut-être moins bien remboursé.

    Syringomyélie est-ce grave ?

    La syringomyélie est une pathologie qui peut devenir handicapante à long terme, mais des solutions existent pour retarder le handicap. La syringomyélie n’est pas facile à détecter, cela peut prendre plusieurs mois, mais il est possible de soulager les patients dans leur parcours de malade pour une meilleure qualité de vie.

    Syringomyélie espérance de vie ?

    Les patients atteints de syringomyélie ne vivent pas moins longtemps que la population en général. Ce n’est pas une maladie « mortelle ».

    J’ai des troubles sensitifs, je dois faire un EMG, quel est le prix d’un électromyogramme ?

    Les prix peuvent varier selon la localisation du neurologue, son secteur (1 ou 2) et s’il s’agit d’un EMG des membres inférieurs ou supérieurs ou les 2. Comptez entre 150 et 200 euros.

    C’est quoi la manœuvre de Barré ?

    C’est un examen neurologique nécessaire dans la syringomyélie qui permet de tester la force musculaire des membres supérieurs (les bras) d’un patient. Celui-ci consiste à tendre les bras à l’horizontale pendant quelques secondes. Si l’un des membres tombent, il y a un déficit musculaire.

    C’est quoi la manœuvre de Mingazzini ?

    C’est un examen neurologique qui permet de tester la force musculaire des membres inférieurs (quadriceps). Le patient doit s’allonger sur le ventre et lever ses deux jambes vers le haut. Si l’un des deux membres (ou les deux) tombent, il y a un déficit musculaire.