Myélopathie cervicale : Symptômes et traitements
La myélopathie cervicale peut affecter votre vie quotidienne. Découvrez ses symptômes et les traitements de cette maladie pour retrouver une qualité de vie.
Sommaire
Myélopathie cervicale : Maladie de la moelle épinière
Qu’est-ce que la myélopathie cervicale ?
Symptômes et manifestations cliniques de la myélopathie cervicale
Myélopathie cervicale : Diagnostic et évaluation
Options thérapeutiques pour la myélopathie cervicale
Myélopathie cervicale : Pronostic et qualité de vie
Vivre avec une myélopathie cervicale
Myélopathie cervicale : Maladie de la moelle épinière
Vous ressentez des fourmillements dans les mains, une maladresse inhabituelle ou des difficultés à marcher ? Ces symptômes pourraient signaler une myélopathie cervicale, une affection sérieuse touchant la moelle épinière au niveau du cou. Cette pathologie, souvent méconnue, affecte près de 2 % des personnes de plus de 55 ans, avec une prévalence croissante dans notre population vieillissante.
Qu’est-ce que la myélopathie cervicale ?
Définition médicale et mécanismes : Myélopathie cervicale C5-C6 et C6-C7
La myélopathie cervicale résulte d’une compression de la moelle épinière dans la région du cou (rachis cervical). C’est comme si votre moelle épinière, cette autoroute nerveuse vitale, subissait un embouteillage, perturbant la circulation des signaux entre votre cerveau et le reste du corps.
Contrairement à d’autres problèmes cervicaux comme la cervicalgie simple ou la névralgie cervico-brachiale, la myélopathie touche directement la moelle épinière, ce qui explique ses conséquences potentiellement graves sur la motricité et la sensibilité.
Les zones les plus fréquemment touchées sont les segments C5-C6 et C6-C7, là où la colonne cervicale présente la plus grande mobilité et, par conséquent, la plus forte usure au fil du temps.
Causes principales et facteurs de risque
- La cervicarthrose (myélopathie cervicarthrosique) constitue la cause principale chez les patients de plus de 50 ans. C’est un peu comme si les rouages de votre cou s’usaient avec le temps, rétrécissant l’espace disponible pour la moelle épinière.
- Les hernies discales cervicales peuvent également comprimer la moelle, particulièrement lors d’un effort ou d’un traumatisme. Certaines personnes naissent avec un canal rachidien étroit (sténose congénitale), les prédisposant à développer une myélopathie plus tôt dans leur vie.
- Parmi les facteurs aggravants, on trouve :
- L’âge : le risque augmente considérablement après 50 ans
- Les traumatismes cervicaux (accidents, chutes)
- Certaines prédispositions génétiques affectant le tissu conjonctif
- Les activités professionnelles sollicitant excessivement le cou
Symptômes et manifestations cliniques de la myélopathie cervicale
Signes précoces à ne pas négliger
Les premiers signaux d’alarme passent souvent inaperçus ou sont attribués au vieillissement normal. Pourtant, ils méritent toute votre attention. Mais ces symptômes, bien qu’inquiétants, ne doivent pas être source de panique. Un diagnostic précoce permet d’envisager des solutions thérapeutiques efficaces que nous explorerons dans la suite de cet article.
- La diminution de la dextérité manuelle se manifeste par des difficultés à accomplir des gestes fins comme boutonner une chemise ou ramasser de petits objets. Certains patients peuvent remarquer des changements au niveau des mains : En essayant de taper sur leur clavier, leurs doigts ne semblent plus « obéir » comme avant.
- Les engourdissements et fourmillements dans les mains ou les bras constituent un autre signe précoce. Contrairement aux fourmillements du syndrome du canal carpien, ceux liés à la myélopathie cervicale affectent généralement plusieurs doigts, voire la main entière.
- Les troubles de la marche apparaissent progressivement, une instabilité subtile, comme si vos jambes devenaient raides ou maladroites. Certains patients décrivent une sensation étrange, comme si leurs jambes « n’étaient plus tout à fait les leurs ».
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Évolution des symptômes et stades de la maladie
L’évolution de la myélopathie cervicale n’est pas identique chez tous les patients. Les neurologues évaluent la sévérité de la maladie via une classification en quatre stades qui aide à déterminer l’approche thérapeutique la plus appropriée.
- Au stade léger, les patients remarquent une maladresse occasionnelle ou des engourdissements intermittents, mais mènent une vie quasi-normale. Plusieurs personnes à ce stade n’ont pas conscience qu’un problème médullaire est en cause.
- Le stade modéré marque un tournant. Les difficultés à la marche deviennent plus évidentes, la coordination manuelle se détériore, et certains patients commencent à ressentir des troubles urinaires. Sans intervention, environ 20 à 30 % des patients à ce stade verront leur condition s’aggraver dans les cinq ans.
- Dans les stades sévères, la mobilité peut être considérablement réduite, avec un risque réel de chutes. Les troubles sphinctériens s’intensifient et certains patients développent une faiblesse marquée des membres.
Signes d’alerte nécessitant une consultation urgente
N’ignorez jamais :
- Une aggravation soudaine des symptômes
- L’apparition de troubles sphinctériens (vessie ou intestin)
- Une faiblesse progressive qui s’installe en quelques jours
- Des chutes répétées inexpliquées
Ces signaux indiquent une possible compression médullaire critique qui nécessite une évaluation immédiate. Le temps compte vraiment dans ces situations.
Myélopathie cervicale : Impact sur la vie quotidienne
La myélopathie cervicale ne se limite pas à des symptômes physiques mais elle transforme profondément le quotidien. Au travail, les tâches auparavant routinières deviennent des défis. L’impact psychologique est souvent sous-estimé. La frustration face à la perte progressive d’autonomie, la crainte de devenir un fardeau pour les proches, ou l’anxiété liée à l’évolution de la maladie pèsent lourdement sur le moral. D’ailleurs, près de 40 % des personnes atteintes développent des symptômes dépressifs qui méritent une attention particulière.
Myélopathie cervicale : Diagnostic et évaluation
Processus diagnostic complet
Le diagnostic de la myélopathie cervicale repose sur une approche méthodique. L’examen neurologique reste la pierre angulaire de ce processus.- Les spécialistes évaluent minutieusement les réflexes, la force musculaire, la sensibilité et la coordination. Des signes spécifiques comme l’hyperréflexie, le signe de Hoffman (mouvement involontaire du pouce lorsqu’on stimule l’index) ou le signe de Babinski peuvent orienter vers une atteinte médullaire.
- Les neurologues peuvent également des tests fonctionnels comme le test de la marche chronométrée sur 10 mètres ou le test des 9 chevilles, qui mesurent objectivement la progression de la maladie.
- L’historique médical détaillé reste déterminant : le moment d’apparition des symptômes, leur évolution et leurs déclencheurs orientent vers le diagnostic correct.
Examens d’imagerie essentiels
- IRM : La myélopathie cervicale se voit sur une IRM cervicale et constitue l’examen de référence pour visualiser la compression médullaire. Elle permet d’observer directement la moelle épinière et d’évaluer son degré de compression. Sur ces images, les radiologues peuvent identifier des signes de souffrance médullaire comme l’hypersignal médullaire, indicateur précieux du pronostic. La présence d’un hypersignal médullaire à l’IRM (zone plus brillante dans la moelle) est généralement associée à un moins bon pronostic après intervention. Toutefois une prise en charge peut encore offrir d’excellents résultats.
- Le scanner cervical et le myéloscanner (scanner après injection de produit de contraste dans le canal rachidien) complètent parfois le bilan, notamment chez les patients porteurs d’implants métalliques incompatibles avec l’IRM.
- Les radiographies dynamiques en flexion-extension apportent des informations complémentaires sur la stabilité du rachis cervical, particulièrement importantes avant d’envisager une intervention chirurgicale.
Examens complémentaires pour la myélopathie cervicale
- Les potentiels évoqués somesthésiques et moteurs mesurent la vitesse de conduction des influx nerveux à travers la moelle épinière. Un ralentissement confirme l’atteinte médullaire et précise son niveau.
- L’électromyographie (EMG) évalue l’activité électrique des muscles et peut aider à distinguer une myélopathie cervicale d’autres affections neurologiques comme la sclérose latérale amyotrophique (SLA ou plus connue sous le nom de Maladie de Charcot-Marie-Tooth).
- Les tests de conduction nerveuse complètent le bilan en vérifiant l’intégrité des nerfs périphériques. Ils permettent notamment d’écarter d’autres diagnostics comme un syndrome du canal carpien ou une neuropathie périphérique qui peuvent parfois imiter certains symptômes de la myélopathie.
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Options thérapeutiques pour la myélopathie cervicale
Traitements conservateurs
Contrairement à certaines idées reçues, tous les cas de myélopathie cervicale ne nécessitent pas d’emblée une intervention chirurgicale. Pour les formes légères ou lorsque la chirurgie présente des risques excessifs, une approche conservatrice peut être envisagée.
- La physiothérapie spécialisée vise à renforcer les muscles du cou et à améliorer la posture. Les kinésithérapeutes formés aux problématiques médullaires proposent des exercices spécifiques qui évitent l’hyperextension cervicale, potentiellement dangereuse. Ils travaillent également sur l’équilibre et la coordination pour compenser les déficits neurologiques.
- La gestion médicamenteuse de la douleur associe souvent des anti-inflammatoires non stéroïdiens, des relaxants musculaires et parfois des médicaments spécifiques pour les douleurs neuropathiques comme la prégabaline ou la gabapentine. Il faut noter que ces traitements soulagent les symptômes, mais n’agissent pas sur la compression médullaire elle-même.
- Les injections épidurales de corticoïdes peuvent offrir un soulagement temporaire, particulièrement lorsque la composante inflammatoire est importante.
- Quant aux colliers cervicaux, leur utilisation fait débat. S’ils limitent les mouvements potentiellement aggravants, leur port prolongé peut entraîner une atrophie musculaire contre-productive. Ils sont recommandés généralement pour des périodes courtes, comme lors des déplacements en voiture ou d’activités à risque.
Interventions chirurgicales
Lorsque la myélopathie cervicale devient invalidante ou progresse malgré les traitements conservateurs, la chirurgie devient généralement nécessaire.
- La décompression antérieure reste l’approche privilégiée pour les compressions localisées sur un ou deux niveaux. Exemple d’un patient de 57 ans, professeur de piano, qui avait perdu sa dextérité manuelle. Après une discectomie avec fusion au niveau C5-C6, il a pu reprendre progressivement son activité professionnelle en quelques mois. Cette intervention consiste à retirer le disque endommagé, puis à stabiliser la zone avec une greffe osseuse et souvent une plaque métallique. Le taux de succès avoisine les 85 % pour les cas bien sélectionnés.
- Les approches postérieures comme la laminoplastie ou la laminectomie offrent d’excellentes alternatives (pour les atteintes plus étendues). Ces techniques « ouvrent » l’arrière du canal vertébral (canal cervical étroit) pour donner plus d’espace à la moelle épinière. Elles sont particulièrement indiquées chez les patients présentant une compression sur plusieurs niveaux.
Critères de sélection : Compatibilité avec une intervention
- La sévérité des symptômes et leur impact sur la qualité de vie
- La progression de la maladie malgré le traitement conservateur
- L’état général du patient et ses comorbidités
- Les attentes réalistes concernant les résultats
Myélopathie cervicale : Pronostic et qualité de vie
Facteurs influençant le pronostic
Le devenir des patients atteints de myélopathie cervicale varie considérablement selon plusieurs facteurs. L’âge joue un rôle indéniable, les patients plus jeunes présentent généralement une meilleure capacité de récupération neurologique. Les comorbidités comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires peuvent ralentir la guérison et augmenter les risques opératoires.
Le stade au moment du diagnostic reste probablement le facteur pronostique le plus déterminant. Une intervention précoce, avant l’installation de lésions irréversibles de la moelle épinière, offre logiquement les meilleures chances de récupération fonctionnelle.
Espérance de vie et progression à long terme
Une question qui préoccupe légitimement les patients concerne l’impact de la myélopathie cervicale sur l’espérance de vie. Les données scientifiques récentes sont plutôt rassurantes sur ce point. Une myélopathie cervicale traitée adéquatement n’entraîne généralement pas de réduction significative de l’espérance de vie.
Concernant l’évolution à long terme, environ 70 % des patients opérés constatent une amélioration durable de leurs symptômes. Environ 20 % restent stables, tandis que 10 % peuvent connaître une détérioration progressive malgré l’intervention. Le risque de récidive existe, environ 15 % des patients, développeront une compression à un autre niveau dans les 10 ans suivant l’opération.
Vivre avec une myélopathie cervicale
Adaptation du domicile et aides techniques
Vivre avec une myélopathie cervicale nécessite souvent des ajustements pratiques. De simples modifications peuvent considérablement améliorer l’autonomie et la sécurité au quotidien.
- Au domicile, l’installation de barres d’appui dans la salle de bain, de rampes d’accès ou d’un siège de douche réduit les risques de chutes. Les ustensiles à poignées adaptées compensent la perte de dextérité manuelle. Pour certains patients, un lit électrique facilite le lever et le coucher sans solliciter excessivement le cou.
- Les technologies d’assistance connaissent des avancées remarquables. Les applications de reconnaissance vocale permettent de contrôler les appareils électroniques sans manipulation fine. Des dispositifs comme les pinces à long manche évitent de lever les bras ou d’étendre le cou pour atteindre des objets.
- Pour l’aménagement du poste de travail, des solutions ergonomiques comme les supports de documents, les claviers adaptés ou les souris verticales peuvent faire toute la différence. Les équipes d’ergothérapeutes proposent des évaluations personnalisées pour identifier les adaptations les plus pertinentes selon les besoins spécifiques de chaque patient.
Démarches administratives et reconnaissance d’invalidité
Pour les formes sévères de myélopathie cervicale, la question de la reconnaissance d’invalidité ne se pose pas. Vous pouvez constituer un dossier à la MDPH de votre département (Cerfa n°15692*01).
L’évaluation de votre dossier repose principalement sur les limitations fonctionnelles objectivées par des examens médicaux. La documentation détaillée des symptômes, des traitements suivis, les résultats d’imagerie et courriers précis constitue des documents importants pour votre dossier. Les assistants sociaux peuvent vous accompagner dans ces démarches souvent complexes et décourageantes.
La RQTH (reconnaissance en tant que travailleur en situation de handicap) impose aux employeurs des aménagements raisonnables du poste de travail. Elle est très utile pour les malades souffrant de pathologie comme la myélopathie cervicale. Ces ajustements peuvent inclure des horaires flexibles, des pauses supplémentaires ou des modifications ergonomiques adaptées aux limitations spécifiques.
Myélopathie cervicale : La conclusion
La myélopathie cervicale, malgré sa complexité et ses défis, bénéficie aujourd’hui d’une prise en charge de plus en plus efficace. L’approche multidisciplinaire, associant neurochirurgiens, neurologues, rééducateurs et psychologues, offre les meilleures chances d’optimiser les résultats fonctionnels et la qualité de vie.
Le diagnostic précoce reste la clé d’un pronostic favorable. Si vous reconnaissez certains des symptômes évoqués dans cet article, n’hésitez pas à consulter rapidement. Une intervention au stade initial de la maladie peut faire toute la différence sur le long terme.
Les patients atteints de myélopathie cervicale ne connaissent pas de guérison à long terme, mais les traitements sont là pour maximiser leurs chances de retrouver la meilleure fonction possible, pour les soulager et améliorer leur qualité de vie à long terme.
FAQ sur la myélopathie cervicale
La myélopathie cervicale est-elle toujours progressive ?
Non, l’évolution varie considérablement selon les individus. Certains patients connaissent une progression lente sur plusieurs années, d’autres une détérioration rapide, et environ 20 % peuvent rester stables sans aggravation notable. Sans traitement, cependant, la tendance naturelle est généralement vers l’aggravation progressive.
Peut-on prévenir la myélopathie cervicale ?
Bien qu’on ne puisse pas prévenir complètement cette affection, certaines mesures peuvent réduire les risques : maintenir une bonne posture, éviter les traumatismes cervicaux, pratiquer des exercices de renforcement des muscles du cou, et consulter rapidement en cas de douleurs cervicales persistantes ou de symptômes neurologiques même légers.
La myélopathie cervicale est-elle héréditaire ?
La myélopathie cervicale elle-même n’est pas directement héréditaire, mais certains facteurs prédisposants comme la sténose congénitale du canal rachidien peuvent avoir une composante génétique. Si plusieurs membres de votre famille souffrent de problèmes cervicaux, une surveillance plus attentive pourrait être justifiée.
Quand privilégier la chirurgie aux traitements conservateurs ?
La chirurgie devient généralement nécessaire lorsque les symptômes neurologiques s’aggravent malgré le traitement conservateur, lorsqu’ils affectent significativement la qualité de vie, ou en présence de signes de compression médullaire sévère à l’imagerie. La décision repose toujours sur une évaluation personnalisée bénéfice/risque.
Quels sports et activités sont recommandés ou déconseillés ?
Les activités à faible impact comme la natation (éviter le crawl), la marche ou le vélo stationnaire sont généralement bien tolérées. En revanche, les sports de contact, les plongeons, les activités impliquant des chocs répétés ou une hyperextension du cou (gymnastique, certains yoga) sont habituellement déconseillés, surtout après une intervention chirurgicale.